1.1 Description de la commune
Etant l’une des six communes du département de l’Alibori, la commune de Karimama est située
au nord-est du Bénin. Elle constitue la pointe septentrionale du Bénin. Elle est
limitée au nord par le fleuve Niger (frontière naturelle), au sud-ouest par la commune
de Banikoara, au sud-est par la commune de Kandi, à l’est par la commune de Malanville
et à l’ouest par le Burkina-Faso. Le territoire de Karimama couvre une superficie de
6 041 km² dont 5/6 ème (5 632 Km²) occupée par le Parc National W. Cette superficie
représente 13,87 % de la superficie du département de l’Alibori et 3,18 % de la superficie
nationale du Bénin. Le Parc W réduit la zone « habitable » de la commune à une bande
d’au plus 15 km de large le long du fleuve Niger, soit 469 km² sur 6 041 km². Elle
est accessible par voie terrestre (piste en latérite) à partir de Guéné (43 km) et
par voie fluviale sur le fleuve Niger à partir de Malanville. La figure 1 présente
la situation géographique et administrative de la commune.
Sur le plan administratif, le territoire de Karimama est subdivisé en cinq (5) arrondissements à savoir : Birni-Lafia, Bogo-Bogo, Karimama, Kompa et Monsey. Il compte trente-sept (37) villages et quartiers
de ville selon le nouveau découpage administratif. Le tableau 1 présente la répartition des villages par arrondissement.
| Arrondissements |
Nombre de villages |
Villages administratifs par arrondissement |
| KARIMAMA |
06 |
Bello -Tounga, Fakara, Goroubéri, Karimama-Batouma-Béri, Karimama-Dendi-Kouré, et Mamassy-Peulh |
| KOMPA |
07 |
Banizoumbou, Dangazori, Garbey-Koara, Goungou-Béri, Kéné-Tounga, Kompa et Kompanti |
| MONSEY |
08 |
Bako-Maka, Bongnami, Fandou, Goumbitchigoura, Loumbou-Loumbou, Machayan-Marché, Monsey et Pétchinga |
| MONSEY |
08 |
Bako-Maka, Bongnami, Fandou, Goumbitchigoura, Loumbou-Loumbou, Machayan-Marché, Monsey et Pétchinga |
| BOGO-BOGO |
07 |
Banikani, Bogo-Bogo, Koaratédji, Kofounou, Mamassy-Gourma, Torioh et Toura |
| BIRNI-LAFIA |
09 |
Birni Lafia, Fadama, Goroukambou, Kangara-Peulh, Kargui, Missira, Saboula, Tondikoaria et Tondoobon |
| Total Commune |
37 |
|
Source : Mairie de Karimama, 2023
Carte 1 :Situation géographique et administrative de la commune de Karimama
1.2. Contexte démographique de la commune
Figure 2 :Densité de la population dans la Commune de Karimama
La population de la commune comprend une majorité d’enfants et d’adolescents de 0 à 14 ans (33 818 individus, soit 51% de la population communale). Elle est donc très jeune. Par contre, la pyramide des âges est équilibrée (Figure 3).
Figure 3 :
Répartition de la population par tranche d’âge
Source :
INStAD, 2013
Au dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2013 (RGPH4),
l’effectif total de la population de la commune est de 66 353 habitants dont 50,04% de femmes.
La densité moyenne est de 6,49 habitants/km² ou plutôt de 84,39 habitants/km² en considérant
l’espace occupé par le Parc W. Le nombre de ménages est de 9 168 ; c’est une population
essentiellement rurale car 84,72 % de celle-ci s’adonnent aux activités agricoles.
Le tableau II indique l’évolution de cette population au cours des trente dernières années.
Tableau II :
Evolution de la population de la commune de Karimama de 1992 à 2030
| Année |
Population totale |
Année |
Population totale |
| 1992 |
29 071 |
2023 |
88 004 |
| 2002 |
39 579 |
2024 |
90 446 |
| 2013 |
66 353 |
2025 |
92 951 |
| 2018 |
76 600 |
2026 |
95 522 |
| 2019 |
78 786 |
2027 |
98 158 |
| 2020 |
81 016 |
2028 |
100 659 |
| 2021 |
83 293 |
2029 |
103 224 |
| 2022 |
85 620 |
2030 |
105 855 |
Source :
INStaD 1992, 2002, 2013 et projection 2030
En trente ans (1992 à 2022), la population est passée de 29 071 à 85 620 habitants
soit une augmentation de 56 549 habitants,
avec une augmentation annuelle moyenne de 1 885 habitants.
En 2022 avec cet effectif la densité est de 85,04 habitant/km2. Avec cette évolution démographique,
les ressources naturelles (terres, végétaux, eaux, faune…)
subissent une pression du fait des diverses activités économiques.
Le tableau III présente la répartition de la population de la commune de
Karimama par arrondissements et par sexe.
Tableau III :
Répartition de la population de Karimama par arrondissement et par sexe
| N° |
Arrondissements |
2013 |
2022 |
| Total |
Masculin |
Féminin |
Total |
Masculin |
Féminin |
| 1 |
KARIMAMA |
11 901 |
6 064 |
5 837 |
15 357 |
7 936 |
7 425 |
| 2 |
KOMPA |
13 142 |
6 572 |
6 570 |
16 958 |
8 601 |
8 358 |
| 3 |
MONSEY |
13 090 |
6 429 |
6 661 |
16 891 |
8 414 |
8 473 |
| 4 |
BOGO-BOGO |
10 888 |
5 425 |
5 463 |
14 050 |
7 100 |
6 949 |
| 5 |
BIRNI-LAFIA |
17 332 |
8 659 |
8 673 |
22 365 |
11 332 |
11 033 |
| COMMUNE DE KARIMAMA |
66 353 |
33 149 |
33 204 |
85 620 |
43 382 |
42 238 |
Source :
INStaD, 2013 et projection sur 2022
Bien qu’elles soient inégalement réparties au sein des arrondissements étant concentrées le long du fleuve Niger, on n’observe pas de grandes disparités entre les populations de ces arrondissements. En effet, seul l’arrondissement de Birni-Lafia est sensiblement plus peuplé (Figure 2).
1.3. Contexte socio-économique de la commune
1.3.1. Aperçu historique et peuplement
Le village de Karimama est créé vers le milieu du 19ème siècle avec l’arrivée de ses premiers habitants les Gourmantchés, qui ont quitté le Burkina-Faso. Ainsi Karimama vient d’un mot Gourmantché « KALMANMAN » et signifie étymologiquement « là où l’on reste en paix ». Plus tard après l'éclatement de l'empire Songhaï, fut l'arrivée de l'ethnie Dendi qui constitue la majorité des populations de la commune de Karimama.
Ainsi, le Dendi est la langue la plus parlée représentant 63,8 % de la population totale contre 18,3 % de peuhl, 9,0 % de gourmantché et 7,1 % pour les autres (Haoussa, Yorouba, Fon, Bariba etc.). Les autres ethnies qui peuplent la commune sont les peulhs éleveurs et les Haoussa pêcheurs et commerçants. Malgré l'existence de ces différentes minorités, l'homogénéité de la population est forte.
La religion dominante est l’islam qui concerne 91,3% de la population. Les fidèles du catholicisme, du protestantisme et des religions traditionnelles ne représentent respectivement que 1,5%, 0,1% et 3,5% de la population.
1.3.2. Caractéristiques culturelles et religieuses
Sur le plan culturel la population de Karimama pratique les danses telles que le fadé, le foléfori, le têkê, le konkomba, et observe d’autres pratiques culturelles le Gourdjé (lutte traditionnelle), le sorko (rituel des pêcheurs), la flagellation.
La religion dominante est l’islam qui concerne 91,3% de la population. Les fidèles du catholicisme, du protestantisme et des religions traditionnelles ne représentent respectivement que 1,5%, 0,1% et 3,5% de la population.
1.3.3. Caractéristiques économiques
L’économie de la commune de Karimama est tributaire du bon rendement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et du petit commerce. Les activités des secteurs du transport, de l’industrie et du tourisme sont très faiblement représentées. Le secteur agricole reste donc la base de l’économie de la commune.
L’agriculture est la principale source de revenu des populations. Elle est caractérisée par de petites exploitations. Les principales cultures pratiquées sont les cultures vivrières (sorgho, petit mil, maïs, niébé), les cultures maraîchères (oignon, tomate, pomme de terre, piment, gombo), les cultures de rente (coton, riz paddy, arachide) et la culture de la courge. L’agriculture est de type extensif. Les producteurs ont un engouement pour les cultures de rente au détriment des cultures vivrières. Mieux celles-ci sont exportées, ce qui expose les populations à l’insécurité alimentaire.
La commune de Karimama est une zone d’élevage par excellence. Il se pratique dans tous les arrondissements aussi bien par les Peulhs (majoritairement) que par les autres ethnies. On observe un mouvement impressionnant de troupeaux de bovins et de petits ruminants.
La pêche continentale est une activité économique menée par les pêcheurs. Elle est pratiquée dans les cours d’eau (Mékrou, Alibori et Niger), dans les mares de la commune et dans les trous à poisson.
Quant au petit commerce, il est caractérisé par la vente des produits agricoles, du bétail, des volailles, les produits de pêches et les produits manufacturés.
1.4. Contexte environnemental
La commune de Karimama jouit d’un climat de transition entre le climat nord
soudanien et celui sahélien avec deux saisons à savoir : une saison pluvieuse
qui s’étale sur la période juin à septembre et une saison sèche couvrant
la période d’Octobre à Mai. De part ces conditions climatiques défavorables
et les nombreuses variations de température et de la pluviométrie,
la commune est exposée de façon récurrente aux affres des changements
climatiques. Dans la commune de Karimama, les inondations, les vents violents,
l’irrégularité du régime pluviométrique, la sécheresse et la forte chaleur
(canicule) sont les risques climatiques les plus observés. Ces risques sont
devenus très récurrents depuis 2010 et affectent presque tous les secteurs
d’activités surtout le secteur agricole. Des mesures d’adaptation et de
résilience doivent être menées par les communautés avec le concours
de la mairie, des Partenaires techniques, financiers et l’Etat.
La commune de Karimama appartient à la région de la Réserve de Biosphère
Transfrontalière W (RBTW). Elle est parcourue par quatre principaux cours
d’eau à savoir le Niger et trois de ses affluents que sont la Tapoa au nord,
la Mékrou (410 km) à l’Ouest et l’Alibori (338 km) à l’Est. A ces trois
importants cours d’eau, s’ajoutent d’autres affluents dont les principaux
sont : Kpako, Kompa-Gorou, Bédarou, Djiga et Konékoga, qui sont tous des
intermittents. Ils reçoivent de part et d’autre des cours d’eau
secondaires. Les formations rocheuses de la région, disposées en
longues bandes de direction NNE-SSO, sont traversées à deux endroits
par la Mékrou donnant naissance aux chutes de Koudou et à une série de
rapides et de passages étroits dont la gorge de la Mékrou est la plus
représentative.
1.5.Problématique de développement
Eu égard des défis, la problématique de développement est formulée comme suit :
Le développement de la commune est-il garanti à partir d’une mobilisation optimale
des ressources propres à travers une bonne organisation des
filières agricoles, la maitrise de la sécurité, la maitrise de la sécurisation
foncière, la sécurité alimentaire, le renforcement de la résilience des communautés
aux effets des changements climatiques, à la bonne gestion de la transhumance dans un
environnement assaini, désenclavé où l’accès aux services sociaux de qualité,
la nutrition, la digitalisation, l’employabilité des jeunes, la culture, l’artisanat,
la cohésion sociale ainsi que la bonne gouvernance locale sont promues